À Ferguson, en attente de justice, le calme stérile et irréel

The words "Pray for Love" are attached to a pillar in Ferguson, MO, Monday August 25th, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. His picture can be seen behind as part of another memorial, in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. He has been buried on Monday, August 25th, after a service in St Louis, attended by family and civil rights activists. In the street, the night has been quiet as urged by the family, though people say the fight is "not over yet". (Yann Schreiber)

À St Louis (Missouri), il est devenu difficile d’aborder un sujet différent. Michael Brown, l’adolescent mort dans les rues de la petite commune de Ferguson, banlieue de St Louis, le 9 août dernier, est dans tous les esprits. Sa mort touche une communauté ignorée et invisible qui semble néanmoins déterminée à amorcer un changement.

Envoyé spécial pour Ijsberg Magazine à St Louis et Ferguson, Missouri, cet article est paru le 1er Septembre avec le titre : « A Ferguson, les émeutes sont la voix des ignorés ».

Adossée au mur du numéro 2943 Canfield drive, une dizaine de jeunes afro-américains discute. Au milieu de la rue : des fleurs, des photos, des peluches, et quelques bougies marquent l’endroit où, le 9 août dernier, Michael Brown, 18 ans, a été mortellement touché par six balles tirées par le policier Darren Wilson. Celui-ci avait demandé au jeune Michael de libérer la route et d’emprunter le trottoir.

« Priez pour l’amour », lit-on sur un écriteau accroché à un arbre. « Hands up, don’t shoot », ces mots qui, selon plusieurs témoins, ont été les derniers prononcés par Mike Brown, sont inscrits sur plusieurs pancartes. Plus loin, l’on peut lire des « Let justice be colorblind », « We are Mike Brown », ou encore « No justice – no peace ». Beaucoup de voitures ralentissent devant le mémorial, plusieurs passagers s’arrêtent pour prendre des photos avec leurs téléphones.

Sous les pancartes, on devine des traces qui pourraient bien ressembler à du sang. Ce quartier résidentiel situé à l’entrée du village de Ferguson est à jamais marqué par la mort de Michael Brown – même si fleurs, peluches, bougies et traces de sang disparaîtront un jour.

Or, pour ces jeunes adossés aux murs en briques des immeubles à deux étages, la cérémonie funéraire et l’enterrement n’ont pas apaisé l’indignation et la fureur qu’a soulevé la mort « de l’un d’entre eux », noir, issu d’une banlieue de St Louis. Les grands-parents de Michael Brown habitaient à Ferguson. Ses parents possèdent une maison non loin de l’église et du cimetière où la communauté a rendu les derniers hommages à Big Mike, comme certains l’ont surnommé.

« Il y a trois semaines, cet enfant avait des rêves, et maintenant il est enterré », regrette un père de famille. « Ce que je vois ici, crie l’un des jeunes du groupe, me met en colère. » Non, ce lundi n’a mis fin ni aux longues discussions de quartier s’interrogeant sur les événements du 9 août ni aux manifestations. En cette nuit de deuil, le calme était stérile, glacial, et irréel.

Ferguson traumatisée

The sentence "we will be back" is written on wood protecting the windows of a shop in Ferguson, a suburb of St Louis, MO, Monday, August 25, 2014. Violent uprisings following the shooting of teenager Michael Brown by police officer Darren Wilson have left the city partly destroyed. (Yann Schreiber)
The sentence « we will be back » is written on wood protecting the windows of a shop in Ferguson, a suburb of St Louis, MO, Monday, August 25, 2014. Violent uprisings following the shooting of teenager Michael Brown by police officer Darren Wilson have left the city partly destroyed. (Yann Schreiber)

À l’entrée de Ferguson, les récentes émeutes ont clairement marqué dans le paysage. La plupart des fenêtres des commerces sont remplacées par des planches en bois. Sur l’une d’entre elles, à l’entrée du Sam’s Meat Market, une affiche informe que le magasin est « maintenant ouvert », et que « [nos] prières rejoignent la famille de Michael Brown. » Sur une autre façade en bois, il est inscrit à la main façon graffiti « cooling center », et, plus loin : « We will be back ! ».

D’après une étude de 2012 du US Census Bureau, Ferguson compte 20 000 habitants, dont 65% d’origine afro-américaine. Ils ne veulent plus d’émeutes dans leur ville. « No riot, no killing », déclare Jacqulyn, à St Louis, qui a elle aussi perdu son fils.

À quelques pas de l’entrée de Ferguson, sur un parking d’un grand centre commercial, la police a installé son centre de commandement. Gardées par l’armée américaine, probablement plus de cent cinquante voitures de police sont stationnées : majoritairement celles de la police municipale de St Louis, puis celle du « County », quelques voitures de Shérif, et quelques voitures de la Highway Patrol.

Le gouverneur du Missouri, qui avait mis Ferguson sous contrôle des patrouilles de l’État (la « Highway Patrol), et déployé la garde nationale quelques jours plus tard, a décommandé cette dernière il y a peu. Un transporteur SWAT manœuvre doucement sur le parking. Plus aucun policier en tenue de combat, mais la présence des forces de l’ordre est visible et palpable.

A women drives by flowers and placards in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)
A women drives by flowers and placards in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)

En l’espace de trois heures, deux voitures de police sont passées devant les jeunes et leurs murs en briques rougeâtres. L’ambiance est glaciale, instable. Le respect apporté à Michael Brown et sa famille, qui avait plusieurs fois appelé au calme, l’a emportée. Les cris d’un homme de vingt ans, devenus de plus en plus exaspérés et enragés, après un peu de bière, se transforment rapidement et sur incitation de son entourage en murmures.

« No justice, no peace. No justice, no peace », répète-t-il en allant et venant. Un de ses amis s’énerve. « We want peace, they want war », assène-t-il de plus en plus fort, mêlant colère et impuissance face à la situation. Pendant un bon moment, le groupe a aussi remis en question l’utilité du vote démocratique.

Quelques camions SNG sont également stationnés sur ce parking. D’autres ont loué des emplacements de parking plus loin dans le village de Ferguson, donnant sur l’une des rues principales des émeutes. Depuis ces parkings, en sécurité derrière des grilles, les envoyés spéciaux ont défilé, puis ont disparu. L’équipe de ABC a démonté ses bureaux provisoires lundi soir. Dans quelques jours, Ferguson ne sera plus assiégée de journalistes, mais si les émeutes reviennent, alors ils suivront, cela ne fait aucun doute.

Célébrer la vie de « Big Mike »

A waiting crowd sings "We Shall Overcome" while raising their hands in reference to the "Hands Up Don’t Shoot" slogan during the funeral service for Michael Brown in St Louis, MO, Monday, August 25, 2014. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)
A waiting crowd sings « We Shall Overcome » while raising their hands in reference to the « Hands Up Don’t Shoot » slogan during the funeral service for Michael Brown in St Louis, MO, Monday, August 25, 2014. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)

Ce lundi 25 août, à la Friendly Temple Missionary Baptist Church (St Louis), la communauté a célébré la vie de Michael Brown, et commémoré sa mort. Plusieurs figures américaines de la lutte pour les droits civils, des membres du Congrès et trois représentants de la Maison-Blanche étaient présents. L’adresse de l’église, située au 5515 Dr Martin Luther King drive, ne pouvait être plus symbolique, d’autant plus que certains descendants de Martin Luther King étaient invités. Plusieurs milliers de personnes sont arrivés sur place dès 7h du matin, heure locale, pour obtenir une des précieuses places assises à l’intérieur de la chapelle principale, ou dans les salles adjacentes. Des centaines de personnes ont néanmoins dû rester sous le soleil pesant du Missouri. D’après plusieurs sources contradictoires, l’église pouvait accueillir entre 2500 et 4500 personnes.

A women stands in front of flowers and placards in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)
A women stands in front of flowers and placards in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)

Une question restait dans l’esprit de tous ceux ayant pris part à cet hommage : pourquoi la police a‑t-elle tiré sur un homme âgé de 18 ans, non armé, en pleine journée, dans un quartier résidentiel ? Thomas Aquell, membre d’une association musulmane originaire d’Atlanta, est venu pour rendre hommage au jeune Michael Brown qu’il ne connaissait pas. « Un être humain a été tué », et c’est ce qui a motivé sa venue à Ferguson. « Cette affaire est directement liée au racisme, mais les gens ne veulent pas le voir. Les représentations de Dieu sont celles d’un homme blanc. Le policier a cru appartenir à la famille de Dieu, mais on lui a apparemment donné une mauvaise représentation de Dieu. Dieu n’a pas de famille. Il n’y a qu’une seule humanité. »

« La pauvreté est une arme de destruction massive »

Le Reverent Al Sharpton, célèbre figure de la lutte pour les droits civils, a prononcé un discours marquant :

« Ce jeune homme devrait être dans sa deuxième semaine d’université. Quand j’ai vu les photos de Michael allongé par terre, je me suis dit combien certains d’entre nous ne sont pas considérés et à quel point nous sommes marginalisés et ignorés. Mais Michael Brown ne voudrait pas qu’on se souvienne de lui pour avoir déclencher de violentes manifestations. Il ne s’agit pas de vous, mais de justice, et d’équité. Et les États-Unis découvriront que quelque chose ne va pas, que nous avons de l’argent pour l’équipement militaire de nos policiers, mais pas pour l’éducation de nos enfants. Il faut que nous restions unis pour transformer les manifestations en législation. »

Jesse Jackson, célèbre militant américain pour les droits civils, a déclaré avant la cérémonie que « tout le monde a droit à une protection égale devant la loi. Les lois et la culture doivent changer. » Il ajoute : « Le fait que les gens soient là et qu’ils s’y intéressent est une source de soulagement. La crise est une métaphore pour la crise urbaine américaine. La pauvreté est une arme de destruction massive. »

Civil rights activist Jesse Jackson gives an interview before entering the Friendly Temple Missionary Baptist Church in St Louis, Missouri, on Monday, August 25, 2014, to attend the funeral service for Michael Brown. He says that "everybody deserves equal protection before the law." (Yann Schreiber)
Civil rights activist Jesse Jackson gives an interview before entering the Friendly Temple Missionary Baptist Church in St Louis, Missouri, on Monday, August 25, 2014, to attend the funeral service for Michael Brown. He said that « everybody deserves equal protection before the law. » (Yann Schreiber)

Alors que Jesse Jackson parle à un groupe de journalistes devant l’église, un jeune religieux, Jay Mitchell, originaire de Kansas City, monte sur l’un des piliers devant l’entrée, et commence à chanter. Les personnes en file forment un cœur, et l’hymne de combat pour les droits civils « We shall overcome » se glisse sur les derniers mots de Jesse Jackson.

Pour Mitchell, le problème majeur n’est autre que la violence policière. « St Louis sera le point décisif où nous allons voir le changement non seulement à St Louis, non seulement au Missouri, non seulement en Amérique, mais partout dans le monde. »

« Les émeutes sont la voix de ceux que l’on n’écoute pas »

The coffin of Michael Brown gets carried away, MO, Monday, August 25, 2014, after the funeral service dedicated to the Ferguson teenager. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)
The coffin of Michael Brown gets carried away, MO, Monday, August 25, 2014, after the funeral service dedicated to the Ferguson teenager. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)

« Michael was a good boy », regrette un chauffeur de taxi qui connaît la famille. Il ne comprend pas pourquoi la police n’a pas utilisé de taser à la place de l’arme à feu. Néanmoins, un autre chauffeur de taxi, blanc, explique : « Si quelqu’un essaye de prendre le pistolet d’un policier, celui-ci va vous tirer dessus. Et si un officier me dit de quitter la rue, je le ferais, car je sais qu’il peut me tuer. »

Devant les immeubles du quartiers, un petit groupe se tient. « Certains parents doivent parler de sexe avec leurs enfants », dit le père d’une fille de 5 ans. « Moi je dois parler de sexe et de la police. Le problème ? C’est qu’on leur a appris que la police les protègera. », poursuit-il.

Alors qu’une femme blanche essaye de parler aux habitants adossés au mur du 2943 Canfield drive, un homme réagit sèchement, lui demandant « d’aller raconter son histoire plus loin ». Renita Lamkin est pasteur et vit dans le quartier. Elle a elle-même perdu son unique fils. Mais elle est blanche, et d’après cet homme, elle ne « comprendra jamais ce que nous devons vivre tous les jours juste à cause de la couleur de notre peau. » « Je veux juste être entendue », continue Renita Lamkin, sans se laisser intimider.

Flowers and placards lay on the street in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)
Flowers and placards lay on the street in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014, in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. This memorial is located in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. (Yann Schreiber)

Elle a été violemment touchée par un projectile lancé par la police lors des manifestations. « Vous étiez celle avec le projectile dans le ventre ? », demande l’homme, dont on apprendra plus tard qu’il est également pasteur. « Pour ça, je vous respecte », dit-il, lui serre la main et la prend dans les bras. Doucement, ses amis sortent de leur méfiance. Quelques minutes plus tard, sur les lieux de la mort de Michael Brown aura lieu une prière collective. L’on peut y apercevoir une quinzaine de noirs, et deux blancs en cercle qui se tiennent la main, célèbrant la paix et la justice.

« Riots are the voice of the unheard », disait Martin Luther King. À Ferguson, dans ce calme froid et irréel, on peut en partie comprendre qui sont « ceux que l’on écoute pas ». Une vingtaine de jeunes campe sur un espace que la ville a dédié aux manifestations. Là où quelques jours auparavant des centaines de personnes ont manifesté, plusieurs tentes restent. « Nous allons rester, toutes les nuits », explique l’un d’entre eux.

Quelles autres perspectives aurait-il ? Certains vendent des t‑shirts, sur lesquels il est inscrit : « J’ai survécu aux manifestations de Ferguson 2014 ». Une fois que les médias seront partis, que l’attention du pays, voire du monde se tournera vers d’autres sujets, ces voix, brièvement entendues et amplifiées, deviendront à nouveau silencieuses. Le public aura-t-il compris à quel point cette mort touche au plus profond la communauté noire de St Louis et de l’ensemble des États-Unis ?

La ville de St Louis et toutes ses banlieues sont plongées dans un calme austère. Elles le resteront longtemps. Dans les deux camps, les méfiances sont bien trop creusées. Renita Lamkin fait partie de ces exemples qui redonnent un espoir. L’absence de manifestations rassure la police : « ils [les habitants] sont sages, ce soir ». Les patrouilles tourneront toute la nuit.

« We shall overcome, one day »

People stand in the street in St Louis, MO, raising their hands in reference to the "hands up don’t shoot" slogan, Monday, August 25, 2014, as the convoi carrying the coffin of Michael Brown leaves the funeral service. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)
People stand in the street in St Louis, MO, raising their hands in reference to the « hands up don’t shoot » slogan, Monday, August 25, 2014, as the convoi carrying the coffin of Michael Brown leaves the funeral service. The service, held in the Friendly Temple Missionary Baptist Church, attracted thousands, including civil rights figures Al Sharpton and Jesse Jackson. (Yann Schreiber)

Les habitants de St Louis ne laisseront pas passer une opportunité de se faire entendre. A plusieurs reprises, des habitants ont prédit de très violentes émeutes si Darren Wilson, le policier, n’est pas présenté à un juge et jugé coupable. « Des choses vont brûler », met en garde Jacquelyn. Les analystes politiques jugent peu probable qu’un procès ait lieu. Comme dans beaucoup d’autres cas similaires. Aujourd’hui, les projecteurs ont disparus. Il ne reste plus que les murs en briques rougeâtres contre lesquels ils pourront s’adosser pour regarder les fleurs, photos, peluches et bougies qui rappellent la mort de Michael Brown.

« Nous marcherons main dans la main », tel est le deuxième vers de la chanson.. Les hommes, femmes et enfants de Ferguson, et de bien plus loin encore, manifesteront et essayeront de faire entendre leur voix. Ils marcheront main dans la main en attendant justice et paix. L’attendront-ils paisiblement ? Pendant combien de temps marcheront-ils ? Le dernier vers de la chanson est éloquant : « Très profond dans mon cœur, je sais que nous triompherons, un jour. » Et en ce moment, Ferguson est plus que déterminée.

Title photo caption: The words "Pray for Love" are attached to a pillar in Ferguson, MO, Monday, August 25, 2014 in what constitutes one of the three installations in memorial of Michael Brown, killed earlier this month. His picture can be seen behind as part of another memorial, in the middle of Canfield drive, on the spot he has been shot at by officer Darren Wilson, promoting days of unrest in the St Louis suburb. He has been buried on Monday, August 25th, after a service in St Louis, attended by family and civil rights activists. In the street, the night has been quiet as urged by the family, though people say the fight is "not over yet". (Yann Schreiber)