State of the Union 2015 : Analyse pour Ijsberg Magazine

En publiant l’ensemble des points forts du discours avant le discours même, Barack Obama affirme que c’est bien lui qui mène les affaires.

Les deux phrases les plus marquantes du discours n’étaient pas dans le texte du discours publié en avance, mais improvisées par le président, symboles encore une fois de son discours agressif et vif :

  • Aux Républicains refusant d’applaudir à l’annonce de la relance économique, il lance : “c’est une bonne nouvelle, hein!”.
  • Aux applaudissements et rires des Républicains après sa phrase “je n’ai plus de campagne à mener” il rétorque : “C’est parceque j’ai gagné les deux.”

Il veut montrer qu’il est toujours là – même après les élections de mi-mandat, qui l’ont vu essuyer un camouflet historique. Proposer d’aider la classe moyenne lui permet de mettre les Républicains au défi : si le Grand Old Party (GOP) refuse de telles mesures très populaires, ce sera au candidat conservateur d’expliquer cette décision aux électeurs en 2016. En d’autres termes, Obama prépare déjà la prochaine présidentielle.

Obama s’est montré aussi relativement virulent à l’encontre des plus riches, prônant une redistribution des richesses. De même, il s’est montré agressif envers les grandes entreprises, annonçant vouloir réduire les possibilités d’évasion fiscale. Il a affirmé que les États-Unis étaient toujours appelés à guider le monde dans sa lutte contre le terrorisme, mais en s’appuyant plus sur la diplomatie que sur l’armée – une rhétorique bien connue. Il a néanmoins demandé au Congres l’autorisation pour des frappes plus étendues contre le groupe État Islamique en Syrie et en Irak.

Le Président a prononcé un discours vif, agressif, voire visionnaire – rappelant pour peu ses débuts de présidence. Il a appelé au rassemblement au delà des clivages politiques, proclamant que la meilleure politique est celle qui unit et non celle qui divise. A plusieurs reprises, Obama a rappelé qu’il était nécessaire de laisser les institutions fonctionner correctement, au delà des clivages partisans. C’est le parti républicain qui est particulièrement attendu au tournant. Il devra accepter de lisser ses principes au nom du pragmatisme.

Son message de rassemblement va néanmoins à l’encontre de ses annonces de veto et casse avec le ton plutôt agressif du discours. Obama semble, après les élections de mi-mandat, avoir retrouvé son élan. Motivé par la reprise économique, de nouveaux sondages en sa faveur ainsi que par de nombreuses réussites politiques (Cuba, l’action contre le changement climatique avec la Chine, les directives sur l’immigration), le président cherche à donner le ton tout en accusant l’opposition d’agir contre les intérêts du peuple et du pays.

En fait, ce discours annonce une période politique chargée. Nombre d’importants dossiers risquent de patiner, néanmoins. Nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise.

Quoiqu’il en soit, la présidentielle de 2016 est déjà dans toutes les têtes. Le vainqueur sera celui qui aura le mieux accusé l’autre de bloquer le processus législatif.

Lire le récap’ intégral du discours réalisé avec Sébastien Bossi Croci sur Ijsberg Magazine.